Trek de Digar-La

32 km – 1 jours – 2344 D+

Le Trek de Digar-La hors des sentiers battus, traverse le col de Digar-La qui relie les vallées de l’Indus et de la Nubra. Un défi hors du commun au coeur des montagnes désertiques de l’Himalaya.

Digar

« L'espoir est une force morale génératrice d'autres forces permettant de triompher des plus durs obstacles. »

Reliant Leh et la vallée de l’Indus à Digar à la vallée de la Nubra, le trek de Digar-La est une randonnée difficile. 3 jours loin de toute trace de civilisation.

Autrefois très empruntée, cette voie reliant deux grandes vallées du Ladakh est maintenant désertée. En effet, depuis que la vallée de la Nubra a ouvert à tous, une route a été construite à l’est et cette accès n’est plus que rarement emprunté par des randonneurs en quête de défi et de solitude.

Sur 30 kilomètres, il n’y a rien. Un chemin serpente et traverse la passe de Digar-La à 5410 mètres d’altitude. Marécages, immenses étendues désertiques et névés rendent ce chemin inhospitalier.

Seul des yaks, des marmottes, des lapins et quelques meutes de loups peuplent ces terres hostiles et profitent de l’une des plus belles vues du Ladakh sur ses hauts sommets.

Avant le trek de Digar-La, Saboo.

Nous partons de Leh au petit matin. Nous sommes 4 et nous mettons en route route pour le trek de Digar-La. Un chemin serpente dans la montagne pour franchir la passe de Digar-La, un passage a 5410 mètres d’altitude. Ensuite, il redescend dans la vallée de la Nubra au travers de paysages incroyables. Mes compagnons de route ont organisé le trek et j’ai embarqué avec eux. Je ne sais donc pas trop dans quoi je m’embarque mais ça promet d’être sympa. 3 jours de randonnée au milieu de rien, seuls avec nous-mêmes. En route !

Nous arrivons à Saboo et prenons un petit déjeuner avant de nous mettre en route. Nous demandons un dernier renseignement avant de partir et là, surprise. Alors que l’on nous a renseigné sur des campings et guesthouses sur le chemin, on nous informe qu’avant Digar, à 30 kilomètres de là, il n’y a rien. Pas d’âme qui vive et le temps va se gâter. Il va falloir remettre nos plans en question parce qu’en l’état, nous ne pouvons pas nous mettre en marche maintenant.

Après 40 minutes de marche nous arrivons à la dernière maison avant les 30 prochains kilomètres et demandons l’hospitalité. Nous sommes accueillis comme des princes dans une famille adorable. La maman nous prépare un festin et m’apprend à faire des chapatis (pains indiens), nous faisons des biscuits et partageons son histoire autour de photos que la Grand-Mère est si fière de nous partager. La soirée se prolongera lorsque la maman sortira sa chaîne hi-fi et que nous danserons tous ensemble dans la joie, au rythme des musiques indiennes alternées à nos musiques occidentales.

Vers Digar-La Pass.

Le réveil sonne à 3h30. Après un thé, nous nous mettons en marche à la lueur des lampes frontales. La nuit est claire, le temps est bon et la journée s’annonce longue. Les premières heures de marche se font sans encombres. Nous montons a bonne allure, le dénivelé est supportable et régulier et le paysage se dévoile au lever du jour dans un spectacle grandiose sur les immensités du Ladakh. Le paysage est rocailleux. Nous remontons la rivière, croisant des troupeaux de yak profitant des prairies à 4000m d’altitude.

Petit à petit, je creuse l’écart avec les copains. Je marche à mon rythme mais ne m’arrête que très peu, consciente de la distance que nous avons à parcourir dans la journée. Je les attends de temps en temps et en profite pour faire une sieste le temps qu’ils me rejoignent. Les marmottes m’accompagnent et les yaks veillent à la quiétude des lieux. Il est déjà 11 heures. Nous nous remettons en marche après une longue pause bien méritée. Les prochaines heures s’annoncent rudes (raides ?). En effet, nous sommes à 4700m et devons passer un col à 5400m d’altitude. Soit 700m de dénivelé positif en 3 kilomètres. Puis il nous faudra gagner le village à 16km de là, le tout avant la nuit. 

J’abandonne les marmottes pour me retrouver dans un pierrier. La montée commence et la vraie difficulté avec. Je suis à plus de 5000m, le sac devient lourd et l’effort intense. Je n’ai qu’un petit sachet de biscuits sur moi. Pas après pas, je m’encourage toute seule et voit la vallée s’éloigner en contrebas. J’aperçois les copains au loin, et devine déjà que j’arriverais avant eux. Ne pas m’arrêter, imposer à mon cerveau mon esprit de défi et de compétition. Je progresse lentement. 5200m, plus que 200 mètres. C’est vraiment difficile. Chaque pas est une souffrance, je respire fort, ne vois toujours pas la passe et me demande où je vais passer sur cette crête semblant s’éloigner à chaque pas. Plus que 100m. 

Je pousse mon corps au delà de ses limites. Ça fait presque 11h que je marche, j’ai le souffle court, le pas lourd et le dos courbé. Je compte chaque virage avant le col, priant pour que ça se termine vite et louant mon corps à chaque pied posé un peu plus loin. Il fait froid, j’ai faim, suis épuisée, mais j’avance. Pas le choix, il le faut. J’arrive enfin en haut, à 5400m d’altitude. Digar-La Pass, je l’ai fait ! Je n’ai plus d’énergie et fais une sieste de 30 minutes, la plus haute de ma vie ! Le froid auras raison de mon sommeil et je me remet en route sans tarder. Il reste 16km, 6h30 de marche. Je n’ai rien à manger et il est déjà 16h.

Je décide de tracer afin de trouver un logis pour ce soir. Je traverse les névés, m’enfonce jusqu’à mi cuisse sur la pente raide et décide de finalement aller un peu plus doucement. Mourir n’est toujours pas au programme, du moins pas aujourd’hui. Après ce passage, les marécages et moraines ralentissent encore ma progression. Je suis à bout de souffle mais il n’est pas question de ralentir. Mon corps étant au bout, je passe en mode mental. Redoutable celui-là, je le sais très efficace. Je sors enfin des marécages et arrive sur un terrain plus facile. Ni une ni deux, je passe en mode trail. Le sac sur le dos et le ventre vide, c’est en courant que j’avale les 6 kilomètres suivants. Je ne veux pas dormir dehors, la pluie menace dangereusement et la nuit tombe petit à petit.

Une nuit à Digar.

L’orage est là. Je traverse les cours d’eau avant qu’ils ne monte trop et me dépêche avant que la nuit tombe complètement. J’aperçois le village quand les étoiles brillent déjà dans le ciel. Plus que 6% de batterie sur le téléphone. Je dois choisir entre la lampe ou le plan. J’avance à l’aveugle, les nuages empêchant toute lumière de passer et mon téléphone étant aussi faible que moi. Il est 20h, il fait nuit.

Quand j’arrive enfin au village il est 20h30, je suis épuisée et affamée. J’aperçois des enfants et demande l’hospitalité. J’explique la situation et ils m’offrent le logis et un bon repas. A 22h30, je tombe de sommeil mais veux trouver les copains avant de dormir. Je connais les risques de la montagne et m’inquiète. Après 30km depuis 4h du matin, me voilà donc à rebrousser chemin avec les enfants afin de chercher mes amis dans le noir, à 5000 mètres d’altitude. A minuit, nous rebroussons chemin et je m’écroule de sommeil en espérant qu’ils sont chez d’autres habitants du village.
Quelle journée. Le Trek de Digar-La c’est 15h de marche, 32km et un col à 5410m. Près de 3000 mètres de dénivelé positif sans manger, 6km en courant, de la neige et des marécages. Inconscience, défi, fierté. C’était tellement difficile !

Le lendemain matin, tout le village est au courant de mon aventure et les copains ne sont pas là. Je fait demi tour pour finalement les retrouver sur le chemin. Ils ont en fait dormis dans la montagne à la belle étoile, incapables de boucler le trek à cause de la pluie et de la nuit. Me voilà rassurée, nous voilà rassemblés ! 

Un retour inoubliable.

Le temps de reprendre nos esprits et nous trouvons une voiture pour descendre dans la vallée où nous ferons du stop et gagneront la grande vallée de la Nubra à l’arrière d’une benne. Nous sommes secoués comme de vulgaires sacs au vu de la route qui n’en n’est pas. Une auberge, une douche, extinction des feu, plus de signal, enfin un vrai repos !

Nous reprendrons la route le lendemain pour rentrer à Leh. Après une crevaison, nous passons le Khardung La Pass, second col carrossable le plus haut du monde à 5390m. Nous profitons d’un hot-dog au sommet et redescendons enfin chez nous, à Leh, pour des heures de sommeil bien méritées.

Ce trek se fait normalement en 3 jours et nous avons été mal renseignés par des agences à Leh
J’ai bien conscience que c’était déraisonnable et malgré la fierté d’avoir été au bout de ce défi, d’avoir dépassé mes limites et été au bout de moi-même, j’ai pris une bonne leçon ce jour là ! Faire confiance à son intuition, toujours vérifier le parcours et prendre à manger avec soi ! Je garde en mémoire ces paysages somptueux et grandioses, cette passe d’une difficulté que je n’avais jamais connu et n’ai jamais retrouvé, et surtout une leçon de vie unique sur ce Trek de Digar-La !

Liens et infos :

Saboo et Digar :
Logement : Chez des gens, je n’ai pas d’adresses à recommander parce que j’était chez des particuliers.
Il n’y a pas de campings ni d’aménagements le long du Trek de Digar-La. Prévoir nourriture, eau et tente !
Vous pouvez regarder cette vidéo pour admirer les paysages magnifiques de ce trek et vous rendre compte des paysages. Ce monsieur l’a fait dans l’autre sens, bien plus simple et plus rapide que celui que nous avons choisis !

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